Le Fort de Troyon
Les 6 jours du fort de Troyon
Du 8 au 13 septembre 1914 la garnison, composée de la 15 ème Cie du 166 éme R.I et de la 32ème batterie du 5ème R.A.P, d'elements du 8ème Génie, au total 451 hommes, resista aux attaques allemandes évitant ainsi l'encerclement de Verdun par le Sud.
LE FORT DE TROYON UNE PAGE D'HISTOIRE OUBLIÉE
Le Fort de Troyon fait partie du "rideau défensif des hauts de-Meuse", conçu par le général Séré de Rivières, entre les places fortes de Toul et de Verdun. Comme ses proches voisins, les forts de Génicourt, des Paroches et du camp des Romains, il avait pour mission de protéger la vallée de la Meuse.
Ce fort fut construit en moins de vingt mois, entre 1878 et 1879. Un millier d'ouvriers (manœuvres, charpentiers, tailleurs de pierre, maçons...) travaillaient quotidiennement sur ce difficile chantier qui nécessita 160 000 m³ de terrassement et 40 000 m³ de maçonnerie. Entièrement construit en pierre de taille, recouvert de 5 à 6 mètres de terre, il couvre 5 hectares de bâti sur une emprise totale de 23 hectares. Son coût a été estimé à 2 millions de francs-or de l'époque, soit environ 50 millions d'euros. Fort à batterie basse ou à massif central central en site sec, il comporte 18 plates-formes d'artillerie lourde à ciel ouvert, épaulées à des abris-traverses, communiquant par la rue du rempart bas. Le centre est occupé par les logements et locaux casematés abritant la garnison et les services. Les fossés sont défendus à partir de trois caponnières, protégée par des fossés diamants (fossés bordant immédiatement les ouvrages). La gorge est occupée par une batterie casematée en arc de cercle dénommée "ravelin". Il est dépourvu d'artillerie cuirassée. Considéré trop en arrière selon les nouveaux plans de combat offensifs de l'état-major français, le fort ne sera ni modernisé, ni bétonné. Partiellement déclassé et peu entretenu, c'est dans son état de maçonnerie d'origine, doté d'une garnison réduite et disposant d'un armement quasiment dépassé, qu'il subira les bombardements et les assauts des troupes allemandes.
En septembre 1914,Pendant la bataille de la marne, le kronprinz Impérial, commandant la Vᵉ Armée allemande, à l'intention de franchir la Meuse au village de Lacroix-sur-Meuse, afin d'encercler la place forte de Verdun et prendre à revers la 3ᵉ Armée Française. Sur sa route, le Fort de Troyon, qu'il juge obsolète et pense le faire tomber en 24 h avec sa puissante artillerie lourde, notamment les mortiers de 305 mm SKODA Austro-Hongrois. Le 8 septembre 1914, vers 8 h 30, commence un bombardement massif qui durera cinq jours. Environ 3 000 obus s'abattirent sur le fort, dont 200 de gros calibres. Le 9 septembre au soir, deux assauts sont lancés par des éléments de la 10ᵉ D.I Allemande, commandée par le général VON STRANTZ (47ᵉ et 50ᵉ R. I, 5ᵉ Bataillon de Pionniers et 20ᵉ R.A.C). Sous les ordres de l'énergétique Capitaine HEYM, organisateur de la défense, les 450 hommes de la garnison, appartenant au 166ᵉ R.I,,au 5ᵉ R.A.P et au 8ᵉ Génie, repoussent par deux fois les fantassins et mitrailleurs allemands qui compteront 600 hommes hors de combat. Avec des pertes de 4 tués et 41 blessés, la petite garnison du fort fit honneur à la devise des éléments du 5ᵉ R.A.P affecté dans les forts Séré de Rivières : " s'ensevelir sous les ruines plutôt que de se rendre ".
Sauvant Verdun de l'encerclement et protégeant ainsi les arrières du flanc est des troupes françaises, son héroïque résistance, souvent oubliée, participa donc pour une grande part à la victoire de la bataille de la Marne. Suite à cette victoire, VON STRANTZ lève le siège du fort le 13 septembre 1914. Ce n'est qu'un répit de courte durée, pendant l'offensive allemande sur Sain-Mihiel, du 22 au 27 septembre, l'artillerie allemande se déchaine une nouvelle fois sur la fortification déjà bien affaiblie, lui occasionnant d'importantes destructions.
Le 23 septembre, frappée par deux obus de 305 mm juxtaposés, la voûte de la poudrière nord s'effondre, provoquant la mort de 28 hommes.
Après ces épisodes glorieux de septembre 1914, le fort demeura en première ligne face aux troupes allemandes durant toute la durée de la guerre et sera régulièrement bombardé, plutôt à titre préventif, car elles ne cherchèrent plus à le capturer.
En 1918, le fort servit de centre de tri pour les blessés américains lors de la reprise du "saillant de Saint-Mihiel" et de la butte du Montsec. Plus de 800 d'entre eux y décédèrent des suites de leurs blessures.
Tombé dans l'oubli pendant de nombreuses décennies, le fort de Troyon est maintenant entretenu par une poignée de bénévoles de l'association "Ceux de Troyon", association de sauvegarde du patrimoine historique, afin que les générations futures n'oublient pas le sacrifice de leurs ainés.
Association "CEUX DE TROYON"
BP 32 55300 ST MIHIEL
Secrétariat : tel 06.75.23.11.09 ou 07.89.84.64.08
Mail : fort-de-troyon@orange.fr